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28 septembre 2007 5 28 /09 /septembre /2007 22:53

Le marquis de Sade.- Je vous ai conviés, mes amours, à une petite activité inédite qui, je l’espère, vous réjouira.

Mme de Saint-Ange. - Je ne peux douter, Marquis, que si notre présence vous a semblé opportune, il s’agira d’un jeu extravagant et exquis.

Le marquis de Sade.- Il est vrai que lorsque je songe à quelque nouvel amusement mes premières pensées vous sont toujours destinées, madame, mais il ne sera pas tout de suite question de libertinage aujourd’hui.

Le chevalier. - Cessons donc là ce badinage ! Et dites-nous vite de quoi il s’agit ! Mes sens déjà s’échauffent !

Le marquis de Sade.- Que votre impatience se laisse difficilement dompter, chevalier, ménagez vos forces pour tout à l’heure ! Que dites-vous de cela : je suis certain que d’indélicats ingénus ont l’audace de jeter sur nos raffinements libertins leur regard trivial.

Mme de Saint-Ange. - Foutredieu !

Le chevalier. - Ma foi, c’est une bien étonnante nouvelle! Mais d’où tirez-vous donc vos certitudes ?

Le marquis de Sade.- En me promenant alentour hier matin, j’ai aperçu, au pied de cette fenêtre, trois jeunes gens venus sans doute dans l’espoir de surprendre nos libertinages.

Mme de Saint-Ange. - Foutre !

Le chevalier.- Eh bien, marquis ! Tu ne me verras jamais plus prompt à te satisfaire que dans ce temps de contrariété !

Le marquis de Sade.- Il convient donc de munir cette fenêtre d’un rideau que nous tirerons en temps voulu.

Chevalier, tu t’accroupiras près de ce mur de manière à ce qu’il me soit possible de passer mes jambes par dessus tes épaules ; tu te relèveras ensuite en prenant garde de ne pas me laisser choir. Dans cette posture, il me sera loisible d’atteindre le sommet de la fenêtre et d’y installer deux crochets. (tout se dispose)

Le chevalier.- Me trouves-tu bien de cette manière ?

Le marquis de Sade.- Un tant soit peu à gauche, là, bien… A présent, madame, munissez ce vilebrequin de la plus énorme mèche et donnez-moi le tout. (Mme de Saint-Ange ouvre une cassette qui est remplie de mèches, et notre héros choisit la plus redoutable.) Bon ! celle-ci, dit le numéro, a dix pouces de long sur quatre de tour. Arrangez-moi cela !

Mme de Saint-Ange. - En vérité, Marquis, vous êtes fou, et vous allez perforer trop avant la cloison avec cela !

Le marquis de Sade.- Ne craignez rien ! Enfilez cette mèche mon ange et donnez-moi le vilebrequin.

Mme de Saint-Ange. - Ma foi ! comme vous voudrez ! (elle s’exécute)

Le marquis de Sade.- Dame ! il me faut redoubler d’effort pour la faire pénétrer dans ce chambranle! Tiens bon chevalier ! et positionne toi à présent à droite de la fenêtre afin que je perce un nouvel orifice! (la position s’arrange.) Vous, madame, donnez-moi crochets et vis sans tarder, lesquels, enfoncés dans le mur, soutiendront la tringle à rideau. Vite, je crois que le chevalier n’en peut plus !

Le chevalier.- Sacredieu! Il me faut dès à présent me décharger ! Faites vite, je me meurs !

Le marquis de Sade.- Voilà qui est bon ! (l’attitude se rompt) Maintenant que le plus dur est derrière nous, il ne nous reste qu’à faire passer la tringle de bois à travers les anneaux du rideau et, pour suspendre le tout, Chevalier, tu me prendras à nouveau un court instant sur tes épaules. Nous en aurons alors terminé avec cet arrangement ! Vous, mon ange, pendant ce temps, vous vous mettrez à l’aise afin d’être tout à fait prête pour donner une tournure libertine à cet après-midi. (La position s’arrange.)

(Rideau.)

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