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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 01:31

Il ne faut jamais se frotter de trop près à l'escarmouche. Ce n'est pas que cette chimère soit particulièrement dangereuse, point d'aiguillon, point de crocs, mais, parmi les créatures imaginaires, il n'en est aucune qui mette autant d'énergie qu'elle à se coller à vous et à revenir à la charge chaque fois que vous la chassez.

Ne vous fiez pas à son bourdonnement flapi, elle échappe facilement à qui voudrait la mettre hors d'état de nuire. Face à ses réflexes remarquables, quelle que soit votre vivacité, vous serez toujours pour elle un lambin mollasson et pataud. Dans son monde, vous êtes son escargot, sa limace, sa tortue. Et grâce à ses yeux télescopiques qui balayent sans interruption les alentours, elle aura le temps de vous voir venir. Elle aura toujours sur vous une longueur d'avance et vous verra comme si elle tenait des jumelles à l'envers. Ne vous étonnez donc pas qu'avec elle jamais vos chiquenaudes ne fassent mouche…

 
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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 00:25

J’ai le mot sur le bout de la langue.
Comment appelle-t-on déjà la partie sommitale d’un organe, le bout de la langue, par exemple ? Je connais ce nom mais ne le retrouve plus…


Je crois me souvenir qu’il précède directement, dans Le Petit Robert, le terme qui désigne la perte des fonctions du langage, la généralisation pathologique du « mot sur le bout de la langue ». Malheureusement, je ne me souviens également plus de ce mot...

Des bribes me reviennent pourtant … Ap… Ape… Apha…


Voilà, sauvé !


apex.jpg



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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 23:56

flaubert.jpgIl est sans doute déjà pénible, pour un écrivain, de voir son œuvre découpée en tranches, décortiquée, analysée et commentée, le fût-elle par le plus minutieux et talentueux critique. Songez alors à sa douleur quand l’exercice est réalisé avec la plus totale légèreté et dans l’urgence par un potache désinvolte.

C’est la cruelle expérience que fit Gustave Flaubert en intégrant bien malgré lui la composition d’un élève peu scrupuleux. Sous ses yeux impuissants, il y vit son nom se désagréger paragraphe après paragraphe, passant d’un Flauber encore acceptable à un Flober plus surprenant. C’est en définitive un Flobber incongru qui mit en évidence la métamorphose dont il était la victime - son gueuloir n’eût sans doute pas suffit à l’expression de son horreur. On était en train de le changer en une masse verte et gélatineuse, issue de la plus mercantile industrie cinématographique hollywoodienne : Le Flubber.

Personnages et décors de ses romans tout à coup vacillent sous le coup qu’on porte à leur créateur. Madame Bovary sent soudain Rodolphe, son amant, perdre de sa vigueur, se ramollir et prendre, sous la lumière blafarde d’une bougie, l’allure et la couleur d’un pudding anglais. Prise de panique, elle essaie de fuir mais ses bras impuissants s’enlisent dans le matelas devenu d’un coup aussi souple que pâte à pétrir. Une espèce de sirop de menthe suinte et dégouline le long des murs de la chambre, se répand ensuite sur le sol et forme enfin d’énormes flaques vertes. En voyant furtivement le reflet de son visage dans une psyché, Emma comprend qu’elle-même n’est pas épargnée par le mal qui affecte son entourage et que le grain de sa peau prend dangereusement la couleur des prairies de Yonville.

Tragédie identique dans la maison de Madame Aubain. Depuis des heures, la brave flubber-ver3.jpgFélicité, à genoux, frotte énergiquement le sol de la maison pour faire disparaître une épaisse couche de goudron verdâtre qui se forme à la surface du parquet, sous les invectives désespérées de la maîtresse de maison perchée sur une chaise pour ne pas salir le bas de sa robe de mousseline. La vieille servante, à bout de force, essaie en même temps de rattraper un tapis de grande valeur devenu vert et caoutchouteux. A côté du baromètre semblable désormais à une montre molle dalinienne, Loulou, le perroquet, a pris, sur son perchoir, l’aspect d’une énorme sucette de fête foraine.

 

La situation de Bouvard et Pécuchet est encore plus délicate, lesquels, après s’être donné l’accolade, se sont retrouvés liés l’un à l’autre, comme deux blocs de glaise qu’on aurait amalgamés. Les voici qui cherchent désespérément à redessiner l’épaule de l’un, la joue et le front de l’autre, en enfonçant le tranchant de leurs mains dans leur chair maintenant commune. Mais à trop triturer, mains et bras finissent par se fondre dans la masse verte et mielleuse que les deux personnages forment ensemble désormais.

De même, Salammbô s’enlise en beauté, divine et viride, sous les yeux d’un mâtho amolli et consterné.

Je n’ose plus à présent ouvrir L’Education sentimentale, craignant le pire pour l’inexpérimenté Frédéric Moreau…
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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 23:39

Je remercie l’élève dont l’orthographe défaillante mais expressive m’a inspiré ce petit texte.  

 

Nous pédalions littéralement dans la semoule et plus aucun d’entre nous ne se battait pour endosser le maillot à poix du meilleur grimpeur. Nous étions las de traîner nos cent kilos et de brûler nos graisses, sous ce soleil de plomb. Nous roulions depuis plusieurs jours sur les jantes, nos boyaux de caoutchouc ayant éclaté sous l’effet de la chaleur. L’asphalte des routes était devenu une pâte molle dans laquelle nos roues laissaient des sillons tortueux, qui s’accrochait à nos chausses lorsque, faute de vitesse, nous avions la malchance de poser le pied. Les fibres de nos maillots et de nos cuissettes s’étaient définitivement imprégnées du graillon de nos derniers repas consistants. A quand remontaient-ils maintenant ? Alors qu’en d’autres temps, cette odeur nous eût été insignifiante, elle excitait désormais douloureusement nos narines et rendait notre manque de ressources plus cruel : nous aurions donné n’importe quoi pour pouvoir à nouveau remplir grassement nos musettes. Certains d’entre nous évoquaient avec nostalgie les temps où, dans le dénuement, on pouvait achever sa monture et se nourrir de ses chairs. Satanées bicyclettes ! Pour ma part, je gardais précieusement dans une poche, enveloppé dans une feuille de papier gras, un morceau de lard rance dont je suçotais la couenne, nuit après nuit, à l’abri des regards envieux, pour que mon palais se souvînt de l'opulence qui n’était plus. Me revenaient en mémoire les merveilleux débuts de cette course, quand chaque fin d’étape était pour nous l’occasion de fêtes grandioses. Des naïades savonnaient et enduisaient nos corps, alors athlétiques, d’huiles aromatiques, beurraient nos chevelures, comme si nous étions des guerriers gaulois, et nous préparaient pour de copieux repas composés de viandes rôties, de venaisons, de charcuteries et de vins. A présent, le soir venu, des kinés aigris se servaient des huiles alimentaires, passées et à l’odeur âcre, pour masser et soulager nos mollets durcis par les heures d’efforts. Le repas du soir se limitait au reste du bouillon de midi, tenu constamment chaud dans nos gourdes de métal, et que nous buvions d’un trait, à la lueur de quelques bougies de suif.

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26 septembre 2007 3 26 /09 /septembre /2007 22:44

Ayant cherché en vain la trace du carapaçon dans plusieurs ouvrages lexicographiques, je suis forcé de constater qu'il n'en a, paraît-il, jamais été question d'aucun. Et, dans chaque dictionnaire, le caparaçon rencontré quelques pages en amont de la place irrévocablement vacante, ne parvient pas à me satisfaire, ni dissiper mon inquiétude.
Le carapaçon se serait-il rétracté sous sa carapace au point d'annuler sa nécessité ou se serait-il tout simplement carapaté comme tant de mots rares, faute d'usage ?
Se peut-il que le beau spécimen de carapaçon, qui se pavane dans mes appartements à longueur de journée, qui s'ébroue sans vergogne sur ma moquette et se fait les griffes sur mon sofa, soit seulement un bâtard unique issu du croisement de deux consonnes?
Mais chut! je le vois qui me toise. Ne le contrarions surtout pas, tout doux, tout doux, mon mignon! Qui sait de quoi est capable cet hapax rapace?

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Où il sera question de l'ouragan qui fait battre des ailes un papillon à l'autre bout du monde et de l'huître qui fait une perle du grain de sable dans l'engrenage ...

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