Cela fait plusieurs semaines que, sous mes fenêtres, des ouvriers du bâtiment virtuoses prétextent la construction d’un immeuble locatif pour, en vérité, exécuter une œuvre musicale, magistrale, brute et monumentale. Quel somptueux concert ! Le timbre...
Décidément, les artistes du béton qui font étalage de leur art au quotidien, sous ma fenêtre, me réservent de bien belles surprises. Quelle ne fut ma stupeur, aujourd’hui, de les voir réaliser, en à peine quelques heures, une fresque colorée en hommage...
Il est sans doute déjà pénible, pour un écrivain, de voir son œuvre découpée en tranches, décortiquée, analysée et commentée, le fût-elle par le plus minutieux et talentueux critique. Songez alors à sa douleur quand l’exercice est réalisé avec la plus...
Depuis qu’une limace a investi la cavité interne de mon oreille, j’entends de la réalité un autre son de cloche. Le bruissement des êtres autour de moi s’est d’un coup amolli et les marteaux-piqueurs ne s’enfoncent plus que dans le chewing-gum des trottoirs....
Raymond Queneau fut un fabuliste affable dont l’amour de la langue était immense, peut-être sans équivalent dans la littérature du XXème siècle. Il s’est intéressé à toutes les formes de la langue, des plus anciennes au plus récentes ; pour ses récits...
J’ai le mot sur le bout de la langue. Comment appelle-t-on déjà la partie sommitale d’un organe, le bout de la langue, par exemple ? Je connais ce nom mais ne le retrouve plus… Je crois me souvenir qu’il précède directement, dans Le Petit Robert, le terme...
Je suis un très chevronné homme-grenouille de salle de bain ; je pratique aussi, avec une certaine aisance, le canyoning de cabine de douche et plus occasionnellement la spéléologie de siphon de lavabo. C’est pour la première fois ce matin, en revanche,...
Après que j’eus battu à plate couture aux échecs l’un de ses ordinateurs, la Machine voulut prendre sa revanche au bras de fer en mobilisant l’une des grues qui, comme par hasard, était en action sous mes fenêtres. Mais je n’acceptai pas ce nouveau défi,...
Henri Michaux fut, au début de sa carrière, un voyageur bien particulier. Doté d'une santé très fragile (il avait des problèmes cardiaques), il n'a pas hésité à entreprendre des périples éprouvants dans les Andes ou en Asie, comme s'il recherchait volontairement...
Quand un nom m’échappe, j’enfourche l’hippocampe qui loge dans mon cerveau et me mets illico à sa recherche dans les épaisses broussailles de mes neurones. Rares sont les termes qui, après une impitoyable traque, parviennent encore à se terrer et se taire....
A peine sortions nous des portes du palais Pour goûter de la mer les salubres bienfaits, La douce Mélanie s'avançait noble et fière, De ces lieux seul un homme entachait le mystère; Sa tête d'une poire adoptait le contour; Vers les eaux, lentement, il...
Et soudain, il m’emboîta le pas, ne me quitta plus d’une semelle, sangsue de talon accrochée à mes basques, plus singe encore que mon ombre. Je pressai le pas pour me débarrasser de ce pot de colle, mais il était tenace, le bougre ! S’il paraissait me...
C’était à prévoir, les puces ont attiré, sur mon bureau, une énorme araignée velue et dégoûtante. Mais, armé d’un journal roulé, je compte bien avoir raison d’elle... Qwedsaxyc rtzujhgf vuiolkj,.m!! Zut, m quée! Et qui plus est, d ns le feu de l' ction,...
Difficile de lui donner un âge, ce sont des dents de lait qui percent sa prothèse. - Il est curieux que le paresseux, de la famille des édentés, lequel ne connaîtra jamais la douleur fulgurante d'un nerf à vif au contact d'une fraise, puisse s’appeller...
Mes carpes ont peut-être remporté une victoire mais elles n'ont pas gagné la guerre. Elle ne parviendront pas à me réduire à leur silence car je lutterai jusqu'à mes dernières paroles. Les lignes que vous lisez sont celles que, phrase après phrase, je...
Après l'effacement involontaire d'une partie de la mémoire de mon Blog et de toute trace de moi sur la plate-forme d'Over-blog, je propose l'extrait d'un travail rédigé il y a quelques temps et traitant de l'oubli. A l'origine, cette phrase de Georges...
En tombant, hier, sur une photo de classe jaunie datant de mon école maternelle, j’ai douloureusement remarqué que celui que j’avais pris, pendant tant d’années, pour un petit camarade rondouillard, compagnon de toutes mes frasques, confident de toutes...
Je baignais tout entier dans un grande lumière, plus intense que toutes celles dont j'avais jusqu'ici fait l'expérience, notre soleil en plein jour, à côté d'elle, eût passé pour cul blafard de luciole dans la nuit. Pourtant, mes yeux n'éprouvaient aucune...
Parce que la situation devenait intenable, je décidai de mettre enfin de l’ordre. Mais il m’en fallut du courage pour affronter la paperasse en pagaille qui s'entassait dans mes tiroirs saturés et celle qui, faute de lieu de rangement convenable, avait...
Dans mon univers, les points de fuite sont extrêmement rapprochés sur la ligne d'horizon et les perspectives s'allongent infiniment tant et si bien que je ne distingue qu'à peine les lettres du clavier d'ordinateur sur lequel j'écris. Heureusement qu'à...
Ayant cherché en vain la trace du carapaçon dans plusieurs ouvrages lexicographiques, je suis forcé de constater qu'il n'en a, paraît-il, jamais été question d'aucun. Et, dans chaque dictionnaire, le caparaçon rencontré quelques pages en amont de la place...
« Vivre dans une carapace, autrement dit avoir ses os autour de soi, quel changement radical cela ce doit être dans la façon de comprendre la vie ! » Telle est la façon dont un personnage de Raymond Queneau analyse le singulier destin du homard, contraint...
Régulièrement convié aux soirées de la duchesse de Guermantes, Monsieur Flegm s’y rend toujours avec le même plaisir, heureux de côtoyer le grand monde et de pouvoir siroter le meilleur des champagnes, à demi allongé dans une méridienne. Il n’est nullement...
D'autres ont la main verte ou le pied marin, j'ai, pour ma part, la cheville ouvrière et me passerais bien de cet étrange attribut. Car étant d'un naturel plutôt paresseux, je me sens tiraillé entre le désir constant de m'allonger pour m'abandonner à...
Je voudrais bien savoir pourquoi je suis toujours le cheval que je tiens par la bride. Henri Michaux Si le postulat cartésien « je pense donc je suis » n’est guère contestable, il est étonnant de constater que son contraire « je pense donc je ne suis...